mardi 15 octobre 2019

Avancer

Cher journal,

Dans la vie, je réalise qu'il est important d'avancer, d'évoluer, et de ne pas tourner en boucle toujours les mêmes choses, les mêmes sujets.

Je pense être arrivée à un point de rupture, à un moment où il est temps pour moi de passer à autre chose. Je pense avoir fait le tour du thème "psychiatrie et médicaments psychiatriques". Après 25 ans à expérimenter, à me former et à partager sur ce thème, il est plus que temps pour moi de passer à autre chose.

Le thème suivant? Le développement personnel et l'ouverture des consciences.

J'ai envie de réaliser ce virage en utilisant le livre de Laurent Gounelle - L'homme qui voulait être heureux - comme support à ma transformation.

Dans ce livre, le guide spirituel, Maître Samtyang, ou le sage comme j'aime à l'appeler, invite son "élève" à relever plusieurs missions. Comme l'élève de Maître Samtyang, je vais me mettre en quête de mon être profond en réalisant les missions proposées par le vieux sage.

Mon objectif est de me retrouver, d'opérer une transformation dans ma vie pour que cette dernière me ressemble plus et soit plus harmonieuse. 

MISSION 1: Rêver tout en restant éveillé

Maître Samtyang décrit la mission à son élève (page 57): 

"Alors vous rêverez que vous êtes dans un monde où tout est possible. Imaginez qu'il n'y a aucune limite à ce que vous êtes capable de réaliser. Faites comme si vous aviez tous les diplômes du monde, toutes les qualités qui existent, une intelligence parfaite, un sens relationnel développé, un physique de rêve,... tout ce que vous voulez. Tout vous est possible. [...]
Ensuite, vous imaginerez à quoi ressemble votre vie dans ce cadre: ce que vous faites, votre métier, vos loisirs, comment votre vie se déroule. Gardez en permanence à l'esprit que tout est possible. Puis vous noterez cela et vous me l'apporterez."

Ok, alors c'est parti pour moi. Dans un monde où tout est possible, je m'imagine posséder toutes les qualités pour devenir coach spirituel, coach en développement personnel pour accompagner et guider celui ou celle qui me le demanderait sur le chemin de son propre développement personnel. Je m'imagine disposant de toutes les qualités requises pour le faire. Ce qui n'est pas complètement éloigné de la réalité. Ayant fait face à des défis de vie haut en couleur, je possède une bonne expérience dans le domaine du développement personnel, de la reconversion de vie, de la gestion des traumatismes, de la peur et de la souffrance. Et je possède également une expertise dans plusieurs domaines spécifiques: les "troubles mentaux", et la psychiatrie et les médicaments psychiatriques, mais aussi dans la "reconstruction de soi" après de telles épreuves.

Je connais pour les avoir étudiés théoriquement et pratiquement, nombre de techniques et de méthodes pour gérer les angoisses, les burn-outs, la dépression et les états caractérisés de psychotiques par la médecine. 

Les médecines alternatives et l'approche énergétique me sont familières.

Mon expérience pratique et mes connaissances théoriques en matière de coups durs, de changements de vie radicaux et de résilience font de moi quelqu'un possédant toutes les qualités pour faire un excellent coach de vie. Et, cher journal, je trouve cela de plus en plus motivant d'imaginer ma nouvelle étape de vie en m'autorisant à rêver que tout est possible et que je dispose de toutes les qualités et compétences pour réaliser mon projet de devenir coach de vie, coach en développement personnel, ou peu importe le nom qu'on puisse donner à l'activité que je souhaite entreprendre pour servir au mieux le monde,comme dirait si bien Deepak Chopra (cité par Esprit Spiritualité Métaphysiques) :

La Loi du Dharma ou but de la vie

Tout le monde a une mission dans la vie… Un don unique ou un talent spécial à offrir à autrui.

Lorsque nous mettons ce talent particulier au service des autres, nous connaissons l’extase et l’exultation de notre propre esprit, lui qui est le but ultime de tous les buts.

Pour appliquer la Loi du dharma ou but de la vie :

Je mettrai en oeuvre la Loi du Dharma en prenant les décisions suivantes :

1. Aujourd’hui, je nourrirai avec amour le dieu ou la déesse qui vit au plus profond de mon âme. Je porterai mon attention à l’esprit qui, à l’intérieur de moi, anime mon corps et ma pensée. Je m’éveillerai à la profonde tranquillité de mon coeur. Je vivrai la conscience intemporelle, l’Être éternel et ceci jusqu’au plus profond de l’expérience temporelle.

2. Je vais établir une liste de mes talents particuliers. J’y noterai ce que j’aime faire, ce qui exprime mes talents. Lorsque je mettrai ces talents en action, pour le service de l’humanité, j’échapperai au temps et je créerai l’abondance, aussi bien pour moi que pour autrui.

3. Je me poserai chaque jour les questions suivantes : « Comment puis-je servir ? » « Comment puis-je aider ? ». Les réponses à ces deux questions me permettront d’aider et de servir mes semblables avec amour.



En effectuant la mission proposée par Maître Samtyang, je réalise que je suis à la recherche de ma mission de vie, de mon but, de mon Dharma.

Je me pose donc les deux questions évoquées par Deepak Chopra dans son livre:

1. Comment puis-je servir?
2. Comment puis-je aider?

Je pense que je peux servir en découvrant quels sont mes talents, en les vivant et en les expérimentant pour ensuite pouvoir les utiliser et les mettre à disposition des personnes qui auraient besoin d'aide pour trouver leur propre voie.

Dans la deuxième partie de la mission proposée par Maître Samtyang, il est question du cadre dans lequel j'évoluerais. La vieux sage "m'invite" à imaginer à quoi ressemblerait ma vie si tout était possible.

Je m'imagine, en "vieux sage" qui écoute avec bienveillance les personnes qui viennent le voir. Qui leur apporte, par son écoute attentive, une aide et un soutien pour retrouver le chemin de leur âme.


Cher Journal, à moi maintenant de rendre ce rêve réel....




samedi 31 août 2019

Haïku une pensée sombre

Un nuage blanc
Une pensée sombre
Je perds l'élan.





© Carole Advices 2019

Haïku aimer et rêver le présent

31 août 2019

Cher journal,

Je m'essaie à l'art des haïkus.

Comme l'explique Maud Ventura (2019), un haïku est un poème d'origine japonaise qui se caractérise par son extrême concision: il se déploie en trois lignes, et pas une de plus.

Pascale Senk présente ces petits poèmes dans une vidéo Tedx: Haïku : short poems, strong effects | Pascale Senk | TEDxCelsa (2017):






Mon premier haïku:

Ce merveilleux temps
Te fait aimer le présent
Vis-le en rêvant



© Carole Advices 2019

samedi 17 août 2019

La non-résistance

17 août 2019
Cher Journal,

Je résiste, je résiste, je résiste....

Je résiste à mon envie de me laisser vivre.  Je résiste à mon envie de tout laisser tomber et de me laisser porter par la vie et ses envies.

Il faudrait que je réalise des vidéos pour présenter le Manuel de Sevrage des Psychotropes.
Il faudrait que je tienne à jour les informations sur mon site et sur sa page Facebook.
Il faudrait que je crée un nouvel espace web pour une future activité professionnelle.
Il faudrait que je crée cette activité professionnelle dans laquelle je proposerais des services de coaching et de développement personnel.
Il faudrait que je fasse le ménage et que j'entretienne le jardin.
Il faudrait....

Mais, je n'ai envie de rien de tout ça. J'ai envie de me laisser vivre. De ne plus penser à ce qu'on attend de moi.

J'ai une furieuse envie d'écrire là.... juste pour le plaisir. J'ai envie de retourner à moi, plutôt que de continuer à répondre aux attentes des autres (ou à ce que je pense que les autres attendent de moi).
Toutefois, je sais que la sortie en vidéos du Manuel de Sevrage des Psychotropes est très attendue. Mais est-ce vraiment le cas? Ou est-ce  moi qui pense que cette sortie est très attendue?
Le manuel est déjà disponible gratuitement et des vidéos proposant des conseils pour arrêter la médication psychiatrique sont déjà en ligne. L'information est donc là, bien présente sur Internet. J'en fais mon job en quelque sorte et maintenant, c'est à la personne qui souhaite gérer sa consommation de psychotropes de faire le sien.

Je vais me laisser vivre et me laisser bercer par le flot de la vie. Je n'ai plus envie de nager à contre-courant... c'est trop fatiguant et ça me brise.

J'ai des douleurs et des blocages dans le dos. Et plus je me force à réaliser des supports en lien avec le sevrage et les médicaments psychotropes, plus je me bloque. Bref, plus je me force, plus mon corps résiste et se bloque.

Un signe? Oui. C'est un signe qu'en me forçant à faire ce que je n'aime pas, je bloque les opportunités qui pourraient se présenter dans ma vie.

Je vais donc refermer cette porte du passé que j'ai trop tendance à ré-ouvrir fréquemment, lorsque je suis à des tournants dans ma vie. Je m'accroche à cette thématique de la médication psychiatrique comme si je ne connaissais rien d'autre. Il est vrai qu'au cours des années, j'ai acquis de grandes connaissances sur ces produits chimiques. Et surtout, il est vrai que la médication psychotropes et la psychiatrie ont été mes principaux sujets de préoccupation pendant plus de la moitié de ma vie.

Est-ce que je sais faire autre chose?

Cette question me fait peur et lorsque, la peur me fait dire que je ne sais pas faire autre chose, je me retourne bêtement vers ce passé et ré-ouvre inlassablement la porte de cette thématique.

Est-ce que je sais faire autre chose?

Et si je répondais oui?! Et si je m'autorisais à ouvrir des portes vers l'inconnu? Et si je m'autorisais à laisser cette porte sur le passé fermée?
J'ai envie de laisser le passé où il est et d'aller de l'avant. J'ai envie de voir autre chose et de pousser ces portes vers l'inconnu.

Je sais que chaque fois que je souhaite faire quelque chose, il faut que je me pose la question suivante:

Est-ce que c'est la peur qui me pousse à faire ce choix ou
est-ce que c'est la confiance que j'ai en moi et en la vie?

Et je sais que c'est la peur qui me pousse à choisir un domaine que je connais bien et où il y a déjà un public qui m'est acquis.

Mon coeur me guide vers d'autres cieux et la peur me bloque, mentalement et physiquement, dans le connu.

L'incertitude....

Nous n'avons pas appris à "faire face" l'incertitude. Nous avons appris à en avoir peur comme de la peste et à surtout rester dans la zone du connu et du confort, même si cela nous coûte.

Rester dans ma zone de confort ne me fera pas avancer, cela me maintiendra dans passé qui n'est plus moi, qui ne représente plus l'Etre que je suis aujourd'hui.

J'ai envie d'avancer et de me laisser porter par la vie, par le flot de la vie. Je n'ai plus envie de laisser la peur me guider, mais j'ai envie de laisser ma foi en la vie m'ouvrir les portes vers l'extraordinaire.

Alors, je prends mon élan, je respire à fond et je fais le grand saut!


©Carole Advices août 2019

mercredi 7 août 2019

Sois fier de qui tu es et ne laisse personne te dicter qui tu dois être!

7 août 2019

Cher journal,

Aujourd'hui, jour de pluie, m'invitant gentiment à rester dedans.
L'orage gronde, mes pensées tonnent et un tourbillon d'idées se profilent à l'horizon. Je laisse faire, je laisse venir et les mots glissent sur le papier avec tant de facilité et de félicité.

Etre moi-même, dans ce monde des autres. Etre avec les autres, dans ce monde individualiste. Ne faire qu'un, dans ce monde de dualité, voilà la raison de mon humanité.

J'aime à penser que les choses changent, que les choses évoluent dans le temps.
Mais qu'est-ce que le temps? Est-ce la mesure humaine de l'évolution?

Je me sens parfois si seule dans ce monde qui évolue autrement... qui involue vers le petit, l'étriqué. Qui involue vers le plus immobile des temps. "Que rien ne bouge et que tout reste comme je le connais", voilà le dicton qui pourrait résumer ce monde.

Les plans de conscience changent, et cette involution semble atteindre son paroxysme. Le monde devient trop étriqué, et l'humanité et la planète n'en peuvent plus. Cette involution du monde et de la pensée se dirige vers l'implosion. Comme dans le Big Bang, le fait d'imploser sur lui-même va lui donner la force d'exploser vers l'extérieur et de s'expandre dans toutes les dimensions: Mourir sur soi-même pour mieux renaître.

Déposer son fardeau (Florence Scovel Shinn, 2015, p.54), ce fardeau trop lourd à porter, pour retrouver sa liberté d'Etre, son envie de vivre dans la légèreté d'une vie guidée, dans l'instant présent, par la pleine conscience.

Etre conscient de soi, de ce qui se passe en soi. Etre conscient de cette petite voix qui nous guide vers un monde meilleur, vers la réalisation de notre plein potentiel et par là, de la réalisation du plein potentiel de l'humanité.

Reprendre confiance en soi, en l'Homme, en ce que nous sommes: des Etres sensibles doués d'une intelligence innée, intuitive et guidée par notre coeur. Arrêter de brider nos "défauts", nos élans ou nos émotions, juste en régler le volume, comme dirait Neale Donald Walsch (2011), pour qu'ils deviennent nos plus beaux dons.

Arriver à déposer son fardeau personnel, c'est déposer une partie du fardeau de l'humanité. C'est alléger cette atmosphère lourde, pesante et inerte qui nous étouffe, qui étouffe la planète et les élans d'humanité.

Ne plus se brider, ne plus se limiter.
Ne plus vouloir "être comme tout le monde" ou "emprunter le chemin tout tracé que tout le monde suit".
Oser sa différence, oser être soi pour contribuer à l'élévation des consciences et au bien-être de l'humanité.

Chacun a sa place dans ce monde, une place unique qui lui revient. En voulant à tout prix "être pareil que les autres", "aspirer aux mêmes idéaux" et se brider pour "se conformer à ce que l'on attend de nous" (à ces standards que nos sociétés valorisent), nous en arrivons à tous vouloir occuper la même place dans ce monde et comme il n'y en a qu'une qui correspondent aux standards en vigueur, nous nous battons pour l'obtenir et y siéger. Cela crée des guerres sans fin et cela laisse en friche les places uniques que chacun devrait occuper pour contribuer à l'évolution de l'humanité et au bien-être du monde.

A tous vouloir s'asseoir sur le même siège, nous délaissons les places qui nous reviennent... qui nous sont destinées pour faire avancer l'Humanité.
Et nous continuons à nous battre pour une place qui est déjà prise et, en prime, convoitée par des centaines de milliers d'autres personnes. La lutte pour cette place, cet idéal utopique, est tellement rude qu'elle laisse des milliers de personnes sur le carreaux et qu'elle en tue des milliers d'autres.
Des milliers de personnes qui, si elles lâchaient prise sur cet idéal sociétal, sur ce fardeau qui consiste à vouloir à tout prix être quelqu'un qu'elles ne sont pas, pourraient devenir les Etres qu'elles sont destinées à devenir pour contribuer au monde et à l'élévation de l'humanité.

Si ces milliers de personnes lâchaient prise et déposaient ce fardeau qui consiste à vouloir être qui elles ne sont pas, elles pourraient enfin découvrir qui elles sont et quels sont leurs fabuleux dons et talents qui leur permettraient d'occuper cette place unique qui leur est destinée, cette place qui feraient d'elles l'artisan de leur vie et du bien-être de la planète et de l'humanité toute entière.

Lâchons notre fardeau de vouloir être quelqu'un que nous ne sommes pas et embrassons notre divinité intérieure et laissons émerger le génie qui nous habite! Laissons rayonner notre beauté intérieure sur la Terre
Soyons nous-même, occupons cette place unique que personne d'autre ne peut occuper dans ce monde et dans cette vie.

C'est, comme l'explique Florence Scovel Shinn (2015, p.9):

Le modèle idéal de Platon, le Dessein Divin tel qu'il existe en chaque personne.

"Il y a une place que vous devez occuper que personne d'autre ne peut occuper, une chose que vous devez faire que personne d'autre ne peut faire". Il y a une image parfaite de cela dans l'esprit supraconscient. Elle apparaît généralement dans la conscience sous la forme d'un flash représentant un idéal inatteignable, "trop beau pour être vrai". Il s'agit en fait de la véritable destinée (ou destination) de l'homme qui se montre à lui et qui vient de l'Intelligence Infinie qui l'habite.
Néanmoins, beaucoup de gens ignorent leur destin et se battent pour des choses et des situations qui ne leur appartiennent pas et qui ne leur apporteront que l'échec et l'insatisfaction une fois atteintes.


Alors! Soyez Unique, soyez vous-même: occupez la place qui vous revient, celle pour laquelle vous êtes fait et que nul autre Etre humain ne peut occuper!


© Carole Advices, août 2019


Références:

Scovel Shinn F. (2015). Le jeu de la vie suivi de Votre parole est une baguette magique. Se reconnecter avec sa richesse intérieure.

Walsch N.D. (2011). Le petit livre de la vie - Petit cours de mieux-vivre.




lundi 10 juin 2019

Les 3 pages du matin: le kit de survie

Tenir un journal intime est une des choses qui m'a permis de rester en vie dans ces périodes difficiles que sont le sevrage et le post-sevrage. Coucher sur le papier tout ce qui me faisait mal et que je ne pouvais pas dire à mon entourage (et encore moins à un psy.)
Déverser des kilomètres d'encre et noircir des dizaines de cahiers a été salvateur pour moi.

En lisant le livre de Julia Cameron, Libérez votre créativité Osez dire oui à la vie !, j'ai réalisé à quel point le fait de prendre le temps, chaque jour, de poser sur le papier ce qui encombre notre esprit, ce qui nous fait mal, ce qui nous freine ou ce que nous n'osons pas dire à notre entourage, est un des outils le plus puissant pour évacuer au quotidien ce qui nous blesse et pour garder le cap vers ce qui nous tient à coeur, vers ce qui est essentiel à notre vie.

Lorsque j'étais en sevrage (des anxiolytiques et des antidépresseurs), mais déjà lors des quelques années qui on précédé mes derniers sevrages, j'étais bien incapable de prendre la plume et d'écrire: même si c'était pour vomir sur le papier toute cette tension et cette haine que je vivais, prisonnière du monde psychiatrique et de ses produits.

En 2008, après 15 années passées sous médicaments psychiatriques, j'ai enfin commencé à retrouver ma capacité à écrire. Mes facultés cognitives avaient tellement été réduites pendant ces 15 années de mauvais traitements psychiatriques que j'avais été rendue incapable d'en tirer quelque chose ou de produire un simple raisonnement. Enfin délivrée de ces substances psychotropes et du joug de la psychiatrie, j'étais enfin en mesure de m'épancher par écrit sur ce qui m'arrivait: sur ce que je vivais dans mon plus profond for intérieur.

J'ai commencé par écrire des poèmes. Je crachais ma haine de ce que je vivais chaque jour, rejetée que j'étais depuis des années à cause de la personne infâme et noire que j'étais devenue depuis que je prenais des médicaments psychiatriques et que j'avais été petit à petit détruite et réduite à néant par les tortures psychologiques et physiques subies en milieu psychiatrique. Pendant deux ans, j'ai expurgé ma haine, ma souffrance et ma colère sur la papier au-travers de court poèmes.

Puis, une fois la haine expurgée, je me suis mise à réfléchir plus lucidement. Avoir cracher mes entrailles de souffrance, ma haine du système et ma colère m'avait en quelque sorte libérée de ces émotions destructrices. Au lieu de garder cette haine, cette souffrance et cette colère en moi, et ainsi les laisser me bouffer de l'intérieur, je les avais, en partie, expulsée en les couchant quotidiennement sur le papier. 
Sous la colère, en proie à une souffrance indicible, j'étais devenue bien incapable d'analyser et de comprendre clairement où j'en étais. Une fois ces émotions destructrices apaisées (mais pas encore oubliées), je pouvais maintenant me mettre à écrire sous un autre registre: l'analyse plus lucide de mon parcours. 

En 2010, deux ans après l'arrêt complet des médicaments et mauvais traitements psychiatriques, je me mis à écrire mon parcours dans un blog. Chaque jour, je prenais le temps de me remémorer une partie de mon passage en psychiatrie, en commençant par l'année 1994, année au cours de laquelle j'ai été plongée dans ce domaine de la médecine qu'est la psychiatrie.

La haine, la colère et la souffrance quelque peu apaisées par ces deux années que je leur avais consacrées, je pouvais relater mon parcours d'une manière plus "juste", plus claire. Ma vision de ce que s'était passé n'était plus totalement embrouillée par des larmes de haine et de colère.

Une fois mon parcours couché sur le papier, comme pour cette haine qui me consumait avant, je pouvais le laisser derrière moi. Poser à l'extérieur de soi ce qui nous ronge à l'intérieur permet de gagner une de ces libertés et une de ces clartés intérieures, qui permet d'avancer et de ne plus rester bloquer dans l'émotion ou l'histoire passée. C'est comme si expurger ma haine et mon parcours en psychiatrie sur le papier, avait permis de libérer un espace en moi. Un espace qui me permettrait d'accueillir autre chose, quelque chose de nouveau, quelque chose que j'aurais choisi et qui me ferait du bien.

Ma haine, ma souffrance, ma colère, ma tristesse, mais aussi mon passé, l'histoire que j'avais vécu prenaient tellement de place dans mon être avant que je ne l'ai en chasse qu'ils ne laissaient plus aucune place pour le renouveau. Une fois extériorisés sur le papier, ils n'avaient plus autant d'impact sur moi et je pouvais avancer et ouvrir mon coeur à quelque chose de nouveau.

Mais la peur, cette émotion était toujours là! J'avais peur: j'étais terrorisée au point d'être tétanisée et de ne plus rien oser. J'avais envie de me replier sur moi-même et de ne plus rien tenter, de peur de remplir cette place libérée de la haine et de la rancoeur, par d'autres expériences aussi destructrices et ravageuses que celles que j'avais vécues les dernières 17 années passées! Comment oser à nouveau tenter de nouvelles expériences sans avoir au fond de soi la peur intense qu'un tel enfer ne se reproduise et ne m'enferme encore 15 ans dans la souffrance, la douleur et la terreur? Comment oser se laisser à nouveau touchée par quelque chose d'extérieur? Comment oser à nouveau faire confiance et oser se laisser pénétrer par de nouvelles expériences?

En 2010, tellement terrorisée par ce que la société et le monde extérieur m'avaient fait endurer, je n'osais plus me départir de ma peur, cette alliée qui me permettaient de survivre et de repérer le moindre indice qu'une situation allait dégénérer et tourner à mon désavantage.

Alors, je me suis mise à chercher comment comprendre ma peur et comme la gérer de sorte qu'elle soit toujours là pour m'alerter d'un danger pouvant "envahir mon monde intérieur", mais que d'un autre côté, elle ne m'empêche pas de vivre à nouveau de belles choses: qu'elle ne m'empêche pas de me remplir de bonheur!

Je me suis alors documentée sur la peur et j'ai beaucoup écrit sur la peur. Je reproduisais ce schéma qui m'avait permis de sortir de la haine et de la colère: j'extériorisais ma peur sur le papier, pour qu'elle ne me consume pas de l'intérieur. Et en contrepartie, pour que l'espace vide qu'elle laissait en moi ne se remplisse pas de mauvaises choses capables de me ronger de l'intérieur, je comblais ce vide en le remplissant d'histoires douces, joyeuses et réconfortantes que j'écoutais sous forme de livre audio ou que je visionnais à la télévision.

Une fois ma peur exposée sur la papier, je pouvais enfin l'observer. C'est comme si lorsqu'elle était en moi, elle m'échappait, se rendant insaisissable et donc indisciplinable. Une fois sur le papier, je l'avais immobilisée. Elle devenait saisissable et disciplinable. J'ai donc commencer à l'observer, à l'étudier, à l'analyser, pour finir par la cerner et commencer à la domestiquer.

Ma peur, cet état de terreur dans lequel les violences subies en psychiatrie et la torture chimique infligée par les médicaments m'avaient plongée, petit à petit, au fil des pages et de mes écrits, ne devenait plus cet état sur lequel je n'avais aucune emprise et que je ne faisais que subir, comme le rat d'expérimentation qui reçoit des décharges électrique auxquelles il ne peut échapper, car enfermé dans sa cage. Non, je ne subissais plus ma peur comme le rat qui subit des décharges électriques de l'expérimentateur sans rien pouvoir faire. Non, je ne subissais plus ma peur, je pouvais après l'avoir mise sur le papier, l'observer et exercer une certaine influence sur elle.

Plus j'écrivais, plus je reprenais en main mes émotions, mon vécu et leurs conséquences. Extérioriser ce que je vivais en moi, me permettait de l'adoucir et d'y avoir accès.

J'ai lu le livre de Julia Cameron (Libérez votre créativité Osez dire oui à la vie !), il y a quelques mois, et je réalise que l'outil qu'elle propose - les 3 pages du matin - aux artistes pour libérez qui ils sont au fond, est un outil que j'ai utilisé spontanément au sortir du sevrage pour dissiper ma colère, ma haine, ma tristesse, mes angoisses et mes peurs, mais aussi pour expurger mon passé et la souffrance qu'il a occasionné.

En tant que maman, j'ai également lu le livre que Julia Cameron a écrit pour les parents qui souhaitent encourager la créativité chez leurs enfants (Libérez la créativité de vos enfants: éveiller le sens de l'émerveillement). Et c'est dans ce livre que j'ai découvert les 3 pages du matin. Voici comment Julia Cameron présente cette outil aux parents:

Les "pages du matin" - trois pages d'écriture par jour à effectuer à la main, uniquement par le parent.
J'appelle "pages du matin" l'outil de base de la (re)découverte créative. Pratiquées dès le réveil, elles permettent de détourner la négativité, car elles provoquent, clarifient, réconfortent, cajolent, donnent la priorité et synchronisent la journée qui s'annonce. [...] Les pages du matin sont strictement privées. Elles représentent un lieu sûr où évacuer, méditer, élaborer des stratégies et rêver. Il n'y a pas de façon incorrecte de faire ses pages du matin. Il s'agit simplement d'écrire à la main - oui, à la main! - tout ce qui vous passe par la tête, et au bout de trois pages, vous vous arrêtez. Ne partagez ces textes avec personne. Certains de mes étudiants déchiquettent, brûlent, cachent ou mettent sous clé leurs pages du matin. [...] Les pages du matin constituent pour le parent un kit de soutien portable et privé. L'éducation des enfants est une expérience émotionnelle, et vous avez le droit d'éprouver tous les sentiments qui se manifestent en vous. Les pages du matin constituent un lieu sûr où vous transformerez ces sentiments, ce qui vous permettra finalement d'être davantage présent dans votre journée.

Autant les 3 pages du matin constituent un kit de soutien pour le parent, autant les trois pages du matin constituent un kit de survie à celui qui se sèvre ou qui est en post-sevrage. Ecrire trois pages chaque matin permet, comme l'explique Julia Cameron de détourner la négativité et de transformer les sentiments et les émotions. Elles constituent un lieu sûr où s'épancher.

De plus, pour la personne en proie au bouleversement émotionnel et la totale remise en question générés par l'arrêt des médicaments, elles constituent un soutien, un kit de survie, à celui qui se retrouve souvent seul et isolé face à cette épreuve. Les fluctuations émotionnelles et les symptômes de sevrage peuvent être tels et survenir à des moments si inattendus, que disposer d'un "kit de survie portable et privé" pour faire face à ces sauts émotionnels, moraux et physiques peut littéralement nous sauver la vie.

Ecrire mon journal intime, en fin de sevrage et en post-sevrage, m'a, à n'en pas douter, grandement aidée à éviter le pire. Au lieu de mettre fin à mes souffrances en me supprimant, je les éloignais de moi en les mettant dans mon journal, atténuant ainsi leur intensité et leur portée, ce qui me permettait de ne pas passer à l'acte. Ecrire que je voulais mourir dans mon journal, me permettait de ne pas le faire. Ecrire comment je voulais mettre fin à mes souffrances suffisaient à les atténuer, à mettre fin à mon envie réelle de mourir. Car en fin de compte, ce n'est pas moi que j'avais envie de tuer, mais mes souffrances. Ce n'est pas à mon existence que je voulais mettre fin, mais à l'existence de mes souffrances. Je pense sincèrement que de ce côté-là, écrire m'a sauvé la vie.

L'écriture a constitué et constitue toujours pour moi un kit de survie!



© Carole Advices, le 10 juin 2019

mardi 7 mai 2019

Questionnements, amour, pouvoir et responsabilité

Quelques soucis pour comprendre ce qui se passe dans ma vie. Avancer tout de même, mais reculer quand même. Pour mieux sauter? Sauter le pas vers un autre moi, vers une autre facette de ma personnalité,... de ma réalité.

Ces derniers mois, je me questionne beaucoup sur l'avenir, sur la conscience, sur les états modifiés de conscience et sur le paradigme émergent: le paradigme post-matérialiste qui va au-delà de notre vision matérielle et physique de la vie.

Conjuguer la vision matérialiste, scientifique du monde, de notre réalité et la vision fondée sur l'idée que la conscience est à la base de toutes formes physiques. La conscience n'émerge plus du cerveau, elle y est "aux commandes".

Comment alors comprendre le monde, et y fonctionner, en conjuguant ces deux formes de pensées: la perspective matérialiste et la perspective post-matérialiste? En l'expérimentant, nous soufflent les plus grands sages.

Etre incarné dans le monde physique, bien ancré dans notre vie terrestre: dans cette matrice de matière qui nous permet de vivre nos envies et nos pensées. Etre ouvert à une autre forme d'existence, à une vie spirituelle, à une conscience qui nous permet de vivre intensément le monde physique.

Trouver cet équilibre entre une vie toute matérielle et une vie spirituelle: conjuguer les deux, les faire se marier et s'harmoniser dans une existence quotidienne qui reflète, dans toutes ses formes, les capacités qu'offre l'union, la fusion des monde terrestre et spirituel.

Vivre en conjuguant, en équilibrant, les différentes dimensions de notre être pour créer une réalité qui nous convient, dans laquelle on se sent bien et où il est possible d'à la fois évoluer sur le plan physique/matériel et le plan spirituel.

Nous sommes dans une matrice, dans un jeu où chacun est amené à jouer un rôle. L'acteur a le choix: soit suivre le scénario écrit pour lui par un autre, soit improviser et créer de toutes pièces, en pleine conscience, le scénario de sa vie.

Jusqu'à mes 34 ans, j'ai suivi et jouer, telle une bonne élève, les scénarios que ma famille, l'école et la société avec élaborés pour moi. Ces scénarios m'ont emmenée droit dans le mur! Alors, après avoir si bien joué ce qu'on me demandait, avoir tout perdu et avoir été fustigée par le système et les personnes mêmes qui m'avaient prodiguer le scénario de ma vie (qui soi-disant me permettrait d'avoir tout ce que je désirais dans ma vie et d'être heureuse), alors après ça, j'ai décidé que plus personne ne me dirait comment je devais penser et vivre ma vie. J'ai, comme diraient les habitués du développement personnel, repris le pouvoir que j'avais donné à mes proches et au système éducatif, social et culturel dans lequel je vis.

Reprendre le pouvoir, c'est reprendre sa vie en main: c'est décider de ce qu'on va faire ou pas, de ce qu'on va accepter ou pas, etc... C'est prendre la responsabilité de ses choix. Si je choisis de laisser l'autre décider à ma place de ce qui est bien pour moi, du parcours et du scénario que je dois suivre, alors, je suis responsable d'avoir donner mon pouvoir à quelqu'un d'autre.

Une des choses qui est le plus salutaire, mais certainement aussi le plus difficile à accepter, c'est que ces 34 ans de souffrance, à n'être pas moi-même et à subir les mauvais traitements que les autres pensaient que je devais suivre pour aller bien: accepter que ces 34 ans de souffrance est de ma responsabilité, parce que j'ai fait le choix de laisser d'autres personnes décider de ce qui est bien pour moi, parce que j'ai fait le choix de donner mon pouvoir à d'autres, c'est moi qui suis responsable d'avoir suivi ce scénario qui n'était pas le mien et qui m'a fait du mal. Je me suis fait du mal en faisant le choix de laisser à d'autres le pouvoir de décider ce qui serait bien pour moi.

Aujourd'hui, je l'accepte. J'accepte les choix que j'ai fait. Je me pardonne. Je pardonne à la personne que j'étais. Je sais qu'à ce moment-là, j'ai fait ce que je croyais être le mieux pour moi. J'accueille dans la plus grande bienveillance l'adolescente qui a remis son pouvoir dans les mains de sa mère, pour ne pas la blesser et surtout, pour qu'elle continue à l'aimer malgré son incapacité à être une enfant et une jeune fille "bien comme les autres". A cette adolescente que j'étais, je dis: tu as fait ce que tu pensais être le mieux pour toi. Avec le recul, tu as vu que les choix que tu as fait à ce moment-là étaient une tentative désespérée de répondre aux attentes de ta mère pour qu'elle t'accepte et t'aime.

Aujourd'hui, je pose un regard bienveillant et plein d'amour sur cette adolescente qui voulait juste que sa maman l'aime. Cette adolescente qui pensait que ce n'était qu'en étant celle que sa maman voulait qu'elle soit, qu'elle pourrait être aimé.

Je pardonne à cette adolescente qui a fait, avec ses armes du moment, les choix qu'elle pensait être le mieux pour elle. A cette adolescente, je lui dit, je t'aime, je te pardonne, merci!

Aujourd'hui, à 43 ans, j'ai compris que si je voulais m'épanouir, être heureuse et contribuer au monde, je ne devais plus jamais donner mon pouvoir à quelqu'un d'autre. On ne m'aime pas? Tant pis! Ce n'est pas pour autant que je vais faire tout ce que l'autre attend de moi pour qu'il m'aime: je ne vais pas lui donner le pouvoir sur ma vie. C'est moi qui décide de ce que j'ai envie de vivre dans cette vie. C'est moi qui décide de ce qui est bien pour moi et de ce qui ne l'est pas. Je sais que le vrai amour est celui qu'on donne sans contrepartie. Le vrai amour que donne une personne est celui qui ne demande rien en retour, qui permet d'être soi-même et de vivre une vie épanouie.

Et la peur dans tout ça? La peur, c'est ce qui nous fait donner notre pouvoir aux autres. La peur de ne pas être aimée, m'a fait faire des choix qui m'ont fait du mal et la personne pour laquelle j'ai fait ces choix, ne m'a pas aimée d'un amour pur pour autant. Elle m'aime toujours d'un amour conditionnel, d'un amour qui ne sera donné que sous certaines conditions: que si je me soumets à la vision qu'elle a de moi: que si je suis le scénario qu'elle a écrit dans cette vie pour moi et qui m'enferme dans le rôle d'un personnage que je ne suis pas.

Ne pas être aimée et être rejetée, voilà ma plus grande peur. S'en suit la peur de faire faux, de ne pas être capable de coller au scénario qui me permettrait d'être aimée!

Maintenant, je n'ai plus peur de ne pas être aimée, car je sais que même si je collais parfaitement au personnage que l'autre à construit pour moi, il ne m'aimerait de toute façon pas d'un amour vrai.

Aimer d'un amour vrai, c'est aimer la personne sans conditions. C'est aimer ses choix de vie, c'est aimer ses forces et ses faiblesses, c'est aimer sa vulnérabilité et son authenticité! Ce n'est pas aimer l'image qu'on a d'elle, c'est l'aimer vraiment elle, pour ce qu'elle est du plus profond de son être.

Pour pouvoir à son tour aimer quelqu'un, il faut s'aimer d'abord soi-même. Comment? En reprenant contact avec qui on est au fond, et en identifiant tour à tour les rôles qu'on joue dans l'espoir de coller à l'image que les autres ont d'une personne qui peut être aimée! Et c'est aussi ne pas demander à l'autre d'être et de se comporter d'une façon qui n'est pas lui: c'est l'accepter tel qu'il est sans condition. C'est l'aimer comme on s'aime soi-même.

Pour pouvoir s'aimer soi-même, il est important d'accepter et surtout d'aimer inconditionnellement la personne qui a fait de son mieux jusqu'à maintenant pour être aimée: aimer la personne qu'on a été et qui, juste dans l'espoir d'être aimée, a fait des choix qui l'ont emmenée vers une grosse souffrance et une destruction d'une ou de plusieurs parties de sa vie. Cette personne qu'on était et qui a fait ces choix, les a fait avec ses capacités du moment. Avec ses peurs, ses doutes, ses faiblesses et ses croyances du moment.

Accepter d'avoir, à ce moment, donner son pouvoir à un autre parce qu'on a fait sur le moment le choix qui nous semblait le plus juste pour nous, c'est aussi accepter qu'on a fait de notre mieux à ce moment de notre vie où on pensait que donner notre pouvoir de décision, les rênes de notre vie, à une tierce personne était ce qu'il y avait de mieux pour nous, pour être intégré dans la famille, dans le groupe ou dans la société.

Pour pouvoir aimer qui je suis, ce que je fais et ce que j'ai, j'ai compris que je devais prendre l'entière responsabilité de mes choix et que cela passait par la reprise du pouvoir que j'avais donné à l'autre sur moi. Reprendre le pouvoir, c'est faire des choix en conscience, c'est décider ce qui est bien pour soi et suivre sa voie. C'est reprendre contact avec qui on est au fond, sous ces couches de rôles et de personnages qu'on joue pour être aimé. C'est aimer l'être qu'on est sous tous ces costumes de spectacle: c'est aimer l'acteur qui sommeille en nous et non les rôles qu'il joue.

Partir à le recherche de l'acteur qui se cache derrière les rôles qu'il joue devant tout le monde, c'est aller à la rencontre de soi-même. C'est faire connaissance avec cet être, qui pour beaucoup s'est perdu en s'identifiant à ses rôles, en pensant qu'on ne l'aimerait pas si on voyait qu'il n'avait pas les pouvoirs de Superman: Superman, le rôle qu'il joue et pour lequel on le connaît au grand jour. C'est aller au fond de soi-même pour découvrir son essence pure. C'est se faire confiance, accepter ses forces et ses blessures. C'est faire confiance à la vie, en osant s'y exposer tout nu, sans artifice.

J'ai compris que tout le monde ne pouvait pas m'aimer et surtout que je ne voulais plus être aimée d'un amour sous conditions. J'ai envie qu'on m'aime pour qui je suis, avec mes forces et mes faiblesses, et non pour l'image qu'il faudrait que je donne pour paraître bien dans le cadre dans lequel une scène se joue.

J'ai décidé de participer à cette grande pièce de théâtre qu'est la vie, mais en y étant ma propre personne et plus en y jouant un scénario qu'on aurait écrit pour moi. M'incarner sur cette Terre, m'ancrer dans la matrice de la vie, tout en gardant cette connexion spirituelle et légère avec mon essence intérieure qui m'invite à vivre une vie sans limites, dans l'insouciance, la beauté et l'innocence des rêves de l'enfant.



Du fond du coeur,
Merci

© Carole, 7 mai 2019

vendredi 12 avril 2019

Rebelle


 Un(e) rebelle qui est-ce?

Selon la définition du Larousse (2019), l'adjectif rebelle signifie:
Qui est fortement opposé, hostile à quelque chose, qui refuse de s'y soumettre : Un enfant rebelle à la discipline.
Qui se prête difficilement à l'action à laquelle on le soumet : Mèche rebelle.
Qui est difficile à guérir, qui ne cède pas aux remèdes.
Selon cette définition, être rebelle, c'est donc s'opposer, ne pas se soumettre, ne pas céder.

Pour CRNTL (2012), le (la) rebelle est aussi celui ou celle:
Qui se révolte contre l'autorité du gouvernement légitime, d'un pouvoir établi.
Qui ne reconnaît pas l'autorité de quelqu'un, qui n'est pas docile.
Et moi, tout comme la mèche rebelle, je ne me suis pas laissée manier: la psychiatrie n'a pas réussi "sa mise en pli".

Je me suis révoltée contre ces psychiatres qui faisaient et qui font aujourd'hui encore autorité dans le domaine de la santé de notre mental. La société leur a donné ce pouvoir, celui de décider quel état mental est normal et quel état ne l'est pas.

Mon état mental, mon système de pensées, ma réflexion, mon imaginaire ne leur plaisaient pas. Selon leurs critères, ma façon de penser le monde et la société n'était pas dans la norme, dans ce qui est attendu.

Quand j'étais entre leurs mains, j'ai tout de suite montré que je ne reconnaissais pas leur autorité, que je ne les sentais pas capables de m'aider dans la situation difficile que je vivais et que je ne leur laisserai pas la moindre chance de m'imposer leur façon de concevoir la vie et leur façon de considérer mon état mental. Cette perte de pouvoir a certainement été difficile à gérer pour eux. Les gens pas dociles possédant des visions différentes, ils n'aiment pas. Alors, ils leur font baisser leur garde en appliquant les mesures de répression légitimes que l'Etat leur a autorisé à appliquer: ralentissement des fonctions mentales à l'aide de substances chimiques, contraintes physiques à l'aide d'éléments divers et variés qui limitent la liberté de mouvement (camisole de force, cellule d'isolement,...) et pressions psychologiques, émotionnelles et sociales par des menaces et des discours qui incitent à la peur.

Qui se prêterait docilement à cela? Qui mettrait sa vie, sa santé mentale ou son futur dans les mains de telles personnes?

La réponse à ces questions n'est pas simple. En effet, le choix d'accepter docilement de se soumettre à ces traitements ou pas va dépendre de l'envie de la personne de s'intégrer à la société dans laquelle elle vit et de répondre à ses attentes.

Dans notre société, les valeurs sont telles, qu'on attend des gens qu'ils soient performants, compétitifs et productifs. Qu'ils sachent gérer leur stress et leurs émotions et ce, surtout en public, et qu'ils se montrent sous leur meilleur jour au quotidien.
De plus, on attend d'eux qu'ils se soumettent au paradigme matérialiste sans restriction.

Les personnes qui ne partagent pas ces valeurs, mais qui essaient tant bien que mal de rentrer et de coller à ces normes, finissent par en souffrir.

Enfant, j'ai essayé de toutes mes forces d'être la petite fille qu'on voulait que je sois. Adolescente, j'ai essayé de toutes mes forces de coller au modèle de la jeune fille parfaite qui étudie et qui se projette dans un futur où elle exercerait une profession scientifique qui aiderait les gens à être heureux.... Mais déjà depuis l'enfance, qu'est-ce qu'il avait été difficile pour moi de me plier à toutes ces exigences qui m'obligeaient à cacher mes réactions naturelles pour qu'on m'accepte... pour qu'on m'aime.

Ne pas montrer mes peurs, ne pas crier mes colères face aux injustices, ne pas montrer ma tristesse,... Etre d'humeur toujours égale, ne pas faire de vague... suivre le troupeau... ne pas être ce mouton noir qu'on évince parce qu'il ne ressemble pas aux autres...

Des efforts et une énergie monstrueuse dépensés à être comme une petite fille doit être....pour être aimée.

Adolescente, ces efforts et cette énergie à être la personne qu'on attend qu'une jeune fille soit, j'ai continué à les déployer, mais ce n'était plus seulement pour qu'on m'aime, mais aussi et encore plus fortement pour ne pas être rejetée du système ou ne pas y avoir ma place.

A l'adolescence, je pense que la question que nombre de jeunes se posent est: y a-t-il un place pour moi dans cette vie? Et c'est là que la réponse que l'adolescent(e) va apporter, va être cruciale pour sa vie future.

En répondant à cette question, je pense que l'erreur que font beaucoup d'ados, mais d'adultes aussi, est de confondre:

Avoir une place dans la vie et Avoir une place dans la société

Lorsqu'on pense que pour avoir une place dans la vie, il faut avoir une place dans la société, nous allons tout faire pour répondre aux exigences de la société, de sorte à nous assurer une place en son sein et par là une place dans la vie.

Alors que lorsque l'on comprends que pour avoir une place dans la vie, il n'y a pas besoin d'occuper une "place standardisée et conforme aux normes de la société", alors on change complétement de perspective et au lieu de tout faire pour se conformer à ce qui est "bien vu" dans notre société, nous faisons ou plutôt nous devenons qui nous sommes: nous prenons cette place dans la vie qui nous permettra d'avoir notre place dans la société.

Adolescente, j'ai cru que pour avoir le droit de vivre, il fallait avoir une place dans la société et que pour avoir une place dans la société, il fallait faire comme on me disait: comme mes parents me disaient, comme les enseignements me disaient, comme les autorités me disaient....

J'avais tellement peur d'être rejetée et de ne pas avoir de place dans ce monde, que j'étais prête à tout pour qu'on m'accepte dans ce "cercle d'élus" qui vivent une vie heureuse dans le système social.

Mais le stress engendré par les années passées à réprimer ma vraie nature, à me conformer aux règles et à suivre le chemin sans joie que la société avait tracé pour les jeunes filles m'a rattrapé et épuisé.
Au gymnase (lycée), je n'arrivais plus à donner le change. Je n'arrivais plus à être celle qu'on attendait que je sois....

Pour réussir un parcours scolaire "sans faute" (la faute étant définie ici comme l'échec scolaire ou la non obtention du diplôme: chose qui est très très mal considéré dans la société), j'avais petit à petit mis de côté les derniers éléments de soupape qui me permettaient de gérer l'énorme stress engendré par la pression à la conformité. Enlever mes derniers moyens de m'évader et d'être moi-même, a été l'élément de conformisme de trop. Les vannes ont commencé à sauter! C'est comme si les coutures de l'habit de conformité que j'avais enfilé depuis mon enfance étaient en train de sauter!!!

Mon "habit de conformité" allait exploser et tout le monde allait voir que je n'étais pas comme eux, que j'étais un imposteur qui tentait tant bien que mal de cacher son anormalité et son incapacité à faire comme tout le monde sous un habit de normalité trafiqué de toutes pièces.

L'énergie et les efforts déployés pour cacher ma vraie nature et pour maintenir les apparences étaient tels que le soir, en rentrant chez moi, je m'effondrais littéralement....

Je commençais à fortement angoisser à l'idée que les gens réalisent que je n'étais qu'un imposteur incapable de faire comme tout le monde. Je déprimais à l'idée de ne pas savoir comment j'allais faire pour vivre toute ma vie avec cette pression trop forte: comment allais-je trouver, tous les jours, pendant encore au moins 60 ans, l'énergie pour donner le change et me conformer à ce que la société attend d'un individu qui aspire à vivre heureux en son sein?

A la fin de l'adolescence, j'étais épuisée par cette quête sans relâche de ma place dans la société. J'angoissais et je déprimais à l'idée de ne pas avoir ce que je considérais comme le précieux sésame pour mériter d'être en vie: pour moi si je n'arrivais pas à trouver et obtenir une place dans la société, je n'avais pas ma place dans cette vie, dans ce monde...

La pensée du suicide à l'adolescence.... je pense qu'elle vient souvent de là: de cette idée que si on n'arrive pas à se conformer ou à justifier notre utilité pour la société, alors on n'a pas sa place dans la vie.
Cette idée, je le sais maintenant, est complétement fausse: ce n'est pas parce qu'on n'est pas à la place à laquelle la société voudrait qu'on soit, qu'on n'a pas le droit de vivre. La société, c'est juste un ensemble de règles qui dictent comment un groupe d'humains a décidé de fonctionner ensemble. Si on a envie de fonctionner autrement, on a le "droit" et je dirais, on en a même le "devoir".
Ce n'est pas parce qu'on ne souhaite pas fonctionner selon des règles et des valeurs qui ne nous correspondent pas qu'on n'a pas le droit de vivre!

Tout le monde a le droit de vivre sa vie comme il l'entend tant qu'il respect la vie de l'autre.

Bien évidemment, au moment où mon "habit de conformité" a commencé à craquer les coutures, mon entourage s'est inquiété. Mais la solution pour faire "rentrer les choses dans l'ordre" s'est rapidement manifestée: les redresseurs de non-conformité étaient là: les psychiatres se sont présentés à ma porte.

Tu n'arrives pas à faire comme tout le monde? Tu fais des vagues? On va t'aider à reprendre le droit chemin....ou on va te "planquer à la cave" avec les autres rebus de la sociétés, avec tous ceux, qui comme toi, n'arrivent pas à fonctionner comme on attend qu'ils le fassent.

Je conçois la psychiatrie comme "la section de la société" qui s'est donné et, au final, qui a légitimement reçu comme mission de faire rentrer dans le droit chemin, les individus qui ne se conforment pas aux codes sociaux.

Comme je n'arrivais vraiment plus à me conformer aux codes sans m'effondrer et faire craquer les coutures de mon habit de conformité, mon entourage a décidé qu'il fallait faire appel aux psychiatres pour qu'ils m'aident à comprendre comment être, penser et faire pour vivre une vie normale et heureuse.

Je ne voulais pas aller en psychiatrie, car je me suis dit qu'il allait me falloir fournir encore plus d'énergie et d'efforts pour "montrer ma normalité" pour qu'on "m'estampille: conforme pour vivre dans cette société: a sa place!"

J'étais épuisée par les efforts que je fournissais pour suivre la voie scolaire qu'il convenait en vu d'obtenir le sésame qui estampille: "conforme aux exigences scolaires: a obtenu son diplôme!". Je ne voulais pas devoir encore ajouter la contrainte de devoir prouver que j'avais un fonctionnement mental conforme.

J'ai donc tout fait pour ne pas aller en psychiatrie. Pendant plusieurs heures, je me suis opposée à leur décision de me faire suivre un traitement. Puis, à la fin, j'ai changé d'avis en me disant que si je ne me conformais pas à leur demande, ça allait mal finir, puisqu'ils faisaient autorité dans le domaine de ce qui est conforme ou ne l'est pas. Je me suis dit que si je voulais qu'on me considère comme quelqu'un qui fonctionne normalement, il fallait que je suive les règles de vie de la société et que j'aille faire un tour dans ce "service" pour que je prouve que j'avais les aptitudes pour me conformer à ce qui est attendu.

Mais comme les psychiatres m'avaient vue très réfractaire à leur proposition de traitement et que par ailleurs, ils s'étaient déjà fait une opinion sur mon état mental à la lecture des observations de psychologues qui m'avaient suivie pendant mon enfance, je pense que j'avais déjà sur le front, aveuglante comme la lumière d'un gyrophare, la très belle étiquette:  

NON CONFORME! 




© Carole Advices 12 avril 2019

mercredi 10 avril 2019

Aller contre, aller avec

Toute cette violence qui émane du milieu psychiatrique...

Contre toute cette violence, j'ai essayé de me rebeller, de me défendre, de contrer les attaques psychologiques et physiques de ces personnes et de ces institutions. Pour moi, c'était un combat. Un combat pour ma liberté, un combat pour ma vie, et plus je me battais, plus ils me battaient!

Combattre, contrer la violence, faire monter crescendo l'intensité de ma réaction à l'intensité de leur action, voilà ce que j'ai fait pendant des années, jusqu'au moment où je n'ai plus eu la force de contrer directement leurs attaques. C'est alors que j'ai endossé le rôle de victime, de l'ado rebelle qui se bat corps et âme contre ce qui est en train de l'affaiblir, je suis devenue la victime capitulant sous les coups après avoir encaisser bien plus que mon corps et mon mental ne pouvaient en supporter! Contre cette violence chimique, physique, émotionnelle, mentale, psychologique, familiale, culturelle et sociétale, j'ai abdiqué...

Mais avais-je vraiment abdiqué à ce moment-là? Leur avais-je donné tous les pouvoirs et tous les droits sur moi? Avec le recul, je ne pense pas et c'est le fait de d'avoir arrêté de répondre par la violence à leur violence qui m'a certainement permis de sortir de l'enfer de la psychiatrie.

Dès que j'ai arrêté de me rebellé contre leurs violences, dès qu'adolescente, j'ai lâché prise et leur ai donné "l'illusion" que j'acceptais leurs visions du monde, dès ce moment-là, l'escalade de la violence à diminuer. En arrêtant de m'opposer de manière violente et toujours plus intense à leur violence... en arrêtant d'essayer de m'opposer plus fort qu'eux, j'ai désamorcé l'escalade de la violence.

Et pourtant, lorsque adolescente, j'ai été contrainte à suivre des traitements psychiatriques, je me suis mise à m'opposer avec toute ma rage de vivre aux atrocités que les psychiatres de Nant me faisaient subir. Je déployais une force surhumaine pour le montrer qu'ils n'auraient pas le dessus et que je serai bien plus forte et plus endurante qu'eux à ce petit jeu qui consistait à faire plier l'autre à sa vision du monde et de la vie. Pendant des mois, je me suis battue comme un beau diable. Mais les chasseurs qui disposent de pièges desquels aucun animal en peut s'échapper, ceux qui avaient les armes physiques, psychiques, politiques et sociales les plus puissantes, c'étaient eux, les psychiatres à qui la société, ma famille, mais également, indirectement moi, avions donnés tout le pouvoir sur qui j'étais. Alors, comme la biche prise au piège dans les filets des chasseurs, je me suis débattue et débattue pour reprendre ma liberté. Mais plus je me débattais, plus le piège se refermait sur moi et m'affaiblissait. Leur pouvoir sur moi était comme celui des noeuds coulants, plus je me débattait pour échapper à leur étreinte, plus cette dernière se resserrait et se refermait sur moi, étouffant au passage mes derniers signes de vie.

Etait-ce la bonne solution de me débattre? D'opposer une résistance aussi forte que la leur? D'avoir des réactions aussi violentes que les leurs? Avec le recul, je constate que ce qui m'a permis de "m'échapper de leur étreinte", ça n'a pas été de me débattre et d'aller systématiquement contre eux, mais, ça a été de lâcher prise, d'aller "avec eux".

Le premier mouvement que j'ai fait dans leur sens, ça a été de comprendre que m'opposer ne servait à rien et de faisait qu'augmenter l'intensité de leurs attaques: plus je me rebellais et m'opposais à leurs traitements, plus ils augmentaient les doses de neuroleptiques et de sédatifs, et plus ils intensifier les contraintes physiques. Dès que j'ai compris que si je me montrais, en apparence, docile, ils baisseraient leur garde, dès ce moment-là, l'intensité de leurs tortures et de leurs actions répressives à commencé à diminuer. Constatant qu'en arrêtant de me débattre, ils relâchaient un peu leur emprise, j'ai continué sur cette voie, ce qui m'a permis de "tromper" leur vigilance et de gentiment pouvoir prendre mes distances de l'Hôpital psychiatrique. Ainsi, presque une année après avoir été mise en soins psychiatriques, j'ai pu reprendre un peu de liberté en obtenant des psychiatres de cet établissement, qu'ils me laissent partir loin de la clinique pour être suivie par un psychiatre dans le privé.

Face à une institution psychiatrique, j'avais compris que je ne ferai pas le poids, mais, à tord, je pensais qu'il me serait plus facile de m'opposer à un seul individu: au psychiatre chez qui j'avais promis d'aller en échange de ma libération de l'Hôpital psychiatrique de Nant....

Je n'avais alors pas encore retenu la leçon: aller frontalement contre l'autre, c'est nourrir le pouvoir que l'autre a sur moi, alors, qu'aller avec l'autre, c'est laisser place à cet espace de liberté qui me permet d'agir.

Maintenant, est-ce qu'aller avec l'autre, c'est adhérer à son point de vue et cautionner ces actes?

Non, je le pense pas. C'est simplement arrêter de nourrir sa violence, sa force et son pouvoir. Lorsque j'étais soumise aux tortures psychologiques et physiques administrées par les psychiatres de la fondation de Nant, je n'ai pas, un seul instant, adhéré à leur point de vue ou cautionné leurs actes. J'ai simplement accepté que de m'opposer frontalement à eux ne ferait qu'augmenter leur violence envers moi. Mais c'est en acceptant qu'ils ne changeraient pas leur manière de penser et de faire, c'est-à-dire en allant à la rencontre de leur point de vue et en acceptant qu'ils n'avaient pas la sagesse d'en changer et encore moins de percevoir le mien, que je suis "allée avec eux", que j'ai fait un pas dans la direction dans leur sens pour comprendre pourquoi ils en étaient arrivés là: à torturer leurs semblables soi-disant pour leur bien. En me montrant souple et en allant à la rencontre de leur point de vue, j'ai créé cet espace qui me permettait d'agir. Pour moi, aller avec eux, aller dans leur sens, c'était prendre part à ce qui m'arrivaient et accompagner le mouvement. En adoptant leur perspective pour comprendre pourquoi des Etres humains pouvaient en arriver à en torturer des autres en pensant agir pour leur bien et le bien de la société, j'ai repris le contrôle de la situation, plutôt que de le leur laisser. En effet, celui qui sait adopter la perspective de son adversaire s'octroie un avantage certain.

Le fait de me mettre à leur place pour comprendre leur point de vue m'a permis de tourner la situation à mon avantage. S'opposer frontalement ne fait qu'attiser les flammes, alors qu'emprunter la manière de penser de l'autre permet de comprendre ses actions et donc d'y faire face ou d'y échapper plus facilement...

Et c'est ce qui c'est produit: chaque fois que je me suis opposée frontalement aux psychiatres et à leurs actions, j'en ai payé le prix. Alors que chaque fois que j'ai regardé la situation et leurs actes de leur point de vue, j'ai pu agilement faire en sorte que la situation "tourne à mon avantage", c'est-à-dire qu'elle m'offre un espace d'action que je n'avais plus lorsque je m'opposais frontalement et avec violence à leurs traitements.

En ne m'opposant plus, je m'offrais cette liberté d'action nécessaire pour reprendre le contrôle des actions qui étaient entreprises sur moi... En ne m'opposant plus, je les forçaient à me libérer de leur étreinte et en cheminant dans leur direction, je créais un espace de dialogue où j'avais mon mot à dire sur les traitements qui m'étaient infligés....


© Carole Advices 10 avril 2019